Propulsé sur le devant de la scène française par le charismatique Eddie Barclay, Vince cartonne en cette année 1961. Coté scène et coté coeur. Sa liaison avec Brigitte Bardot puis avec Sophie Daumier font la une. Mais c'est du top model Helene April dont il tombera amoureux. Elle lui fera changer son look, Vince portera désormais des costards bien taillés sur scène !

Musicalement, il enregistre Mimi, une mièvrerie. Le disque est un bide, Taylor n'a plus les faveurs de Salut les copains qui titre en juin 1962 "Pour ou contre Vince Taylor ?". Eddie Barclay décide d'abandonner son poulain et celui-ci ne s'en remettra jamais. Les bagarres à chaque concert, ses prestations scéniques sauvages, son caractère insaisissable, ses excès, ses caprices répétés, accélèrent son déclin. Le choix des enregistrements qui suivirent ses deux premiers 45 T magiques est

également désastreux. Aucune composition perso, que des reprises de classiques du rock enregistrés à la va vite. meme si Vince y apporte sa touche malgré une absence de voix qu'il reconnait, ces standards étaient déjà magistralement interprétés par leurs auteurs (Presley, Cochran, Berry ...). En outre, son image sulfureuse au moment où arrivent des chanteurs yéyé bien inoffensifs lui vaut une étiquette subversive déplacée. Les médias lui préfèrent des garçons comme Claude François. C'est la chute libre, une chute qui marquera le grand David Bowie (pour qui Vince était un dieu !) au point de lui faire composer dans les années 70 un album inspiré de cette déchéance : The rise and fall of ziggy stardust.

 

DROGUE ET ALCOOLO

En 1964, Vince est au fond du trou. Il se drogue et absorbe      de        grosses

En 1966, il erre dans le quartier latin, revetu d'un sac de pommes de terre, une bible et un crucifix dans chaque main, affirmant qu'il est le messie ! Des amis essaient de le sauver, comme Jean-Claude Berthon, créateur du premier magazine de rock, Disco Revue. Il tente de relancer Taylor par quelques concerts et un nouvel enregistrement. Mais Vince reste cloitré dans sa chambre du Vè arrondissement. Des musiciens anglais veulent aussi l'aider. En 1966, Dick Taylor, guitariste des Pretty Things (et membre à l'origine des Rolling Stones), écrit meme un titre pour lui : Photographer. Vince promet de l'écouter, il n'en fera rien et se voit meme interné en hopital psychiatrique durant une courte période. En 1968, ses amis jettent l'éponge et ses musiciens le lachent définitivement. Bobbie Clarke, le batteur, part à Londres rejoindre le guitariste Ritchie Blackmore pour constituer une formation qui deviendra célèbre sous le nom de Deep Purple.

Allant de déception en déception, Vince multiplie les tentatives de come back. Il retrouve bien les projecteurs au Bataclan en 1972, à l'Olympia en 1974, et au Palace en 1979 mais ce n'est plus ça. Il reprend meme Black Denim trousers and motorcycle boots également interprété par Edith Piaf sous le titre L'homme à la moto dix ans auparavant. Vince adorait Edith  et   allait   parfois   se

recueillir sur sa tombe au Père Lachaise.

Après quatre années de silence discographique, Vince Taylor ressurgit grace à Jacky Chalard et son label Big Beat via un 33 T.

De 1979 à 1982, il se produit fréquemment, souvent accompagné par les musiciens de Big Beat. En 1982, deux inédits sont édités sur un 45 T, Space Invaders, et ce qui sera son dernier titre et qui en dit long : Until the very end, chanson qui rend à la fin un hommage aux Rolling Stones avec en sourdine Vince fredonnant Satisfaction.

 

REDEVENU BRIAN

En 1983, il se retire en Suisse, à Lausanne et épouse Nathalie Minster, une suissesse de dix ans sa cadette. Il tente alors sa première grande reconversion sous son vrai nom : l'anonyme Brian Holden. Vince a rompu complètement avec son passé de rocker et coule des jours heureux.

Mais hélas, le sort s'acharne sur lui : en 1991, on lui décèle un cancer des os. A 52 ans, Taylor prend conscience de la gravité et de la rapidité de l'évolution de sa maladie. Il confie alors à un de ses amis : "Si je meurs, tu leur diras que la seule période de ma vie pendant laquelle j'ai vraiment été heureux, c'est ici, en Suisse."

Le 28 aout 1991, Vince s'éteint, le rock''n'roll perd une de ses plus sulfureuses étoiles.

quantités d'alcool. Il

est pourtant toujours

sollicité pour des

concerts prestigieux

et passe meme en

première partie des

Rolling Stones !

Mais Taylor

décroche

physiquement et

moralement.

 

 

 

Texte : Claude Speisser - photos Club 59

 
 

 

 

 

Avec l'aimable autorisation du magasine CAFE RACER