Gene Vincent est né Eugen Vincent Craddock, le 11 février 1935 sur la base navale de Norfolk, en Virginie.
Sa mission : révolutionner cette jeunesse rebelle qui se cherchait un représentant ... Enfant, il passe son temps à l'église, s'imprégnant de la couleur des chansons locales, le gospel. A 12 ans, il déniche sa première guitare et cultive rapidement un style vocal très original qui lui vaudra le surnom de "The screaming kid" (Le môme hurlant).
D'après les spécialistes ORL, ses plaintes déchirantes provenaient d'un palais étroit et profond. Entrant un jour chez un épicier, il entend un groupe de noirs qui tapent sur des bidons dans l'arrière boutique en improvisant un air dont le "rif" était "lula lula". Sur le chemin du retour, il commence à fredonner ce qui deviendra l'un des cinq plus grands classiques de l'histoire du rock'n'roll : Be bop
a lula !
JAMBE DE FER
L'enfance de Gene Vincent se passe ainsi, partagée entre école, famille, copains et guitare. A 15 ans, il triche sur son âge et s'engage dans l'US Navy. Il se retrouve en Corée, chantant et jouant pour les copains, lors des rares heures de liberté qu'offre
la vie sur un navire de guerre. Il s'adonne également à sa passion de la moto. En 1955, il est victime d'un grave accident qui le marquera dans sa chair toute sa vie. Estafette moto, Gene aurait percuté un camion. Mais d'aucuns prétendent que l'accident aurait eu lieu avec une jeune femme en Chrysler qui brûla
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un feu rouge. Gene serait d'ailleurs devenu misogyne suite à la réaction de la conductrice qui ne se souciait que de l'état de sa voiture, alors que lui gisait, la jambe gauche broyée ... L'amputation est envisagée, mais refusée par Gene, qui sera obligé de porter à vie une armature métallique.
De retour à la vie civile, Gene revient à Norfolk où il monte un petit orchestre avec quatre jeunes. Ils s'appellent The Blue Caps et portent des casquettes. Pour certains, ce nom est une parodie du président Eisenhower; pour d'autres c'est un hommage aux "red caps", les porteurs des chemins de fer. Gene et les Blue Caps remportent un concours
d'orchestre et signent le 23 avril 1956 un contrat avec Capitol. Ils enregistrent Race with the Devil, Woman love, I sure miss you et surtout Be bop a lula qui se vendra à plus de 200 000 exemplaires ...
La jeunesse trouve en Gene un nouveau rival pour Elvis Presley. Une succession de titres (plus de 100) est enregistrée entre 1956 et 1959 : Gene y est irréprochable et émouvant,
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que ce soit dans des rock sauvages (Dance to the bop, Lotta lovin', Blue jean bop ...), des ballades (You are my sunshine, Right now ...) ou encore dans des chansons douces où sa voix plaintive impressionne (Frankie and Johnnie over the rainbow ...)
TOURNÉES ET CINEMA
Les concerts se succèdent à travers le pays. Gene et ses musiciens participent à plusieurs tournages de films comme The girl can't help it (La blonde et moi) en 1957 avec la pulpeuse Jayne Mansfield. Gene y retrouve ses copains tel Little Richard ou Eddie Cochran, qui deviendra son meilleur ami lors d'une tournée en Australie en 1957. Pour oublier
les douleurs causées par sa jambe, Gene plonge dans l'alcool sans écouter les médecins qui lui demandent d'arrêter les shows ... Sur scène, son handicap l'oblige à se tenir courbé en gardant la jambe gauche raide et tendue en arrière. Il s'en servira comme d'un jeu de scène et sera même le rocker le plus sauvage
avec Johnny Carroll. Durant ces trois ans, les
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Blue Caps seront certainement la formation qui changera le plus souvent de musiciens. Mais c'est aussi pendant cette période qu'ils enregistreront l'un des blues les plus poignants : Baby blue. Ce titre a pourtant trop d'avance sur son temps. Gene est considéré comme anti-social et ses disques ne passent plus sur les ondes.
CIAO L'AMÉRIQUE
L'été 1958 arrive, et déjà on voit le rock'n'roll sauvage pratiqué par Gene et les autres pionniers disparaître au profit d'une nouvelle génération de chanteurs "sirupeux" et rassurants comme Fabian, Bobby Rydell, Franckie Avallon, Pat Boone
... Pourtant, Gene continue d'enregistrer sous le label Capitol dont les derniers titres seront Wild cat et Right here on earth. Mais, en 1959, il se retrouve sans travail et sans musiciens après avoir fui en Alaska sans avoir payé ses acolytes. A cette époque, le rock'n'roll est de toute façon moribond aux Etats-Unis et Elvis ne va pas tarder à partir sous les drapeaux ... Heureusement pour Gene, l'Europe le réclame comme le messie. Il débarque au London Airport en décembre 1959, accueilli par
un comité de réception enthousiaste et chaleureux. Le "Screaming Kid" troque alors ses pantalons blancs et chemises en soie pour un ensemble en cuir. Voici venir le "Black leather rebel" ...
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