Début des années 60, le rock'n'roll est moribond. Aux Etats Unis, le King Elvis se lance dans une carrière cinématographique à l'eau de rose au sortir de son service militaire et le public se tourne vers les mélodies sirupeuses des Bobby Vee et autres Frankie Lymon. En Angleterre, les teenagers oublient le bon vieux rock au

profit des nouveaux mouvements Mersey Beat (avec les Beatles) et British Blues (Rolling Stones) : ces groupes ont beau avoir repris les grands Buddy Holly, Chuck Berry ou Carl Perkins, les jeunes ignorent superbement les versions originales ... Le monde anglo-saxon méprise le rock'n'roll, donc, sauf un petit village du sud du Pays de Galles : nous sommes à Newport, en 1964, et quatre jeunes anglais bravent la mode pour se dévouer  à  la cause    et     rendre     ainsi

hommage à leurs héros Jerry Lee Lewis, Gene Vincent et Johnny Burnette. Il y a là Cavan Grogan, le leader de la bande, Lyndon Needs, Terry Walley et Gerald Bishop, réunis sous le nom de Count Dracula and the Vampires.

Leur succès est immédiat auprès des fans "résistants" au mouvement British Beat, même s'ils restent cantonnés à des tournées locales : comme ils sont encore très jeunes, aucun d'eux n'a le permis de conduire !

En 1968, la formation évolue quelque peu : Brian Thomas au piano et Don Kinsella à la basse remplacent Gerald Bishop, et le groupe se rebaptise Sundogs. La fidélité au rock est de mise. Ils ne cherchent pas le côté commercial, aucun enregistrement sur disque n'est d'ailleurs réalisé et qu'importe qu'on les trouve démodés, ils en deviennent plus sauvages et déterminés

En 1970, le batteur Mike Coffey se joint à la bande, qui change une nouvelle fois de nom : c'est le début de Crazy Cavan and the Rythm Rockers, les pionniers du rock'n'roll   revival.   D'autres

Wildest cat in town,

le premier 45T

de Crazy Cavan.

Aujourd'hui introuvable !

groupes anglais leur feront concurrence, tels que les Matchbox, Flying Saucers, etc ..., mais aucun n'aura le charisme ni la sauvagerie de Crazy Cavan. Il faudra d'ailleurs attendre encore quelques années avant qu'un autre grand groupe, celui-ci américain, n'apparaisse sur le devant du rock'n'roll revival : les Stray Cats.

UN ROCK DÉJANTÉ

Pour Crazy Cavan, la machine est en route et les concerts se suivent. Le groupe a désormais son propre style et touche absolument tous les mouvement (rockers, teds, country). En 1973, il enregistre son premier album, 18 compositions personnelles du duo Cavan Grogan et Lyndon Needs. Auparavant, un 45t 4 titres était sorti avec leur premier titre : Wildest cat in town, un rock déjanté qui figure toujours dans leurs shows actuels. Ce 45t est aujourd'hui devenu une pièce très recherchée. Si les deux compères composent et alternent rock, ballade et mélodie country, ils puisent également dans des chansons populaires folkloriques et n'hésitent pas à reprendre de façon magistrale le traditionnel Old Black Joe écrit en 1867 par John Foster.

Ces reprises de standards s'écoutent comme des chansons  nouvelles grâce à

la touche Crazy Cavan qu'ils y donnent. Mais Crazy Cavan va séduire un autre public, celui des motards et des rockers, londoniens dans un premier temps, internationaux par la suite. Il s'imposera même comme un groupe phare de l'Ace Cafe London, au même titre que le Matchbox de Graham Fenton. Lors de l'Ace Day en septembre dernier, c'est ainsi Crazy Cavan qui jouait devant des centaines de motards du 59 sur Madeira Drive à Brighton.

Ce rapprochement avec le milieu de la moto est dû à une composition personnelle de Cavan Grogan intitulée My little sister got a motorbike. Elle raconte l'histoire d'une petite soeur qui roule sur une grosse BSA noire, un hommage que rend Cavan à sa soeur, première galloise à rouler sur une BSA au début des 60's. Il s'agirait en fait d'une BSA Bantam de petite cylindrée au guidon de laquelle elle aurait disparu.

Dans le Pays de Galles, on naît dur et on le reste. Crazy Cavan,

ça déménage !