Les Everly Brothers, entre autres.

 

BESOIN DE SOUFFLER

Après cette série de concerts marathon, les Crickets sont sur les rotules et se disent qu'il est grand temps de faire un break. Durant la tournée, ils ont revu The wild one, l'équipée sauvage en VF. Tourné cinq ans plus tot, le film n'a pas pris une ride. C'est décidé, chacun veut sa bécane et le blouson de cuir qui va avec !

De retour de New-York, ils s'arretent à Dallas, où il y a un bienmeilleur choix que chez eux, à Lubbock (Texas). «Au début, nous pensions acheter trois grosses Harley Davidson 74s», se souvient Joe B. Manque de bol (surtout pour l'intéressé !), le vendeur qui ne les reconnait pas les prend de haut.

 

dans une autre concession, celle de Ray Miller, spécialiste de machines anglaises. Tant pis pour les Harley !

Histoire de ne pas etre pris pour un minable une seconde fois, Buddy annonce clairement ses intentions en étalant d'entrée une grosse liasse de billets sur le comptoir. Geste inutile puisque la patronne a reconnu les Crickets. Betty Miller se souvient encore de ce 13 mai 1958 : «Le jour où Buddy Holly et les Crickets nous ont acheté des motos reste l'un des plus mémorables de ma vie. J'étais une grande fan de rock et  je connaissais leur musique. Je ne me souviens pas comment ils étaient habillés, mais ils étaient gentils, polis, pas vulgaires du tout. Ils avaient beaucoup d'argent sur

Devant chez les Miller, concessionnaires Triumph à Dallas (Texas), les Crickets posent pour la postérité sur les motos qu'ils viennent d'acheter. Contents les rockers !


Comme la jeunesse de l'époque, Buddy Holly et les siens avaient été fortement impressionnés par le Brando révolté et terriblement sensuel du film The wild One,«On voulait tous lui ressembler», témoignera plus tard Joe B. Mauldin, bassiste de la formation. Dès 1956, Buddy et Jerry Allison, le batteur, avaient réuni leurs économies et craqué pour une excitante 500 Triumph grise d'occase ressemblant fort à l'héroine du film, une 6T de 1951 modifiée. Ils ne la conserveront pas longtemps, mais le ver est désormais dans le fruit, si l'on peut dire.L'enthousiasme des Crickets pour la moto se réveillera en 1958.

Le trio est alors au sommet. That'll be the day, May be baby, Not fade away et autres tubes du groupe font la loi dans les hit-parades des deux cotés de l'Atlantique.

En janvier, les Crickets entament une tournée américaine de près de trois semaines. Elle sera immédiatement suivie d'une autre, mondiale celle-ci, qui les mènera d'abord à Hawaii et en Australie, puis en Angleterre. Dès leur retour au bercail, ils ont à peine le temps de souffler qu'ils doivent reprendre la route pour le "Alan Freed's the big beat tour" avec l'élite du rock,des artistes comme Fats Domino, Chuck Berry, Jerry Lee Lewis, Screaming Jay Hawkins et

C'est qu'à l'époque, il n'y a pas beaucoup de jeunes qui se trimbalent avec des milliers de dollars pleins les fouilles, surtout dans les quartiers où les concessionnaires sont installés. Bref, quand ils demandent le prix des trois Harley qui tronent dans la boutique, le type leur dit : «Laissez tomber les gars, vous ne pourriez meme pas payer la première traite !». Ils n'insisteront pas et prendront un taxi pour se rendre

eux et ils ont payé cash.»

 

UNE ARIEL PAS BIDON

Racontée par Joe B., une anecdote amusante sur la technique marketing des Miller (ou de l'époque) : «A un moment, ils nous ont dit : prenez les motos qui vous intéressent, allez les essayer, vous pouvez les garder trois ou quatre heures et à votre retour, on discutera.» Etonnant, non ?

 

 

 

 

 
 

Texte : Claude Speisser - photos archives Speisser

 
 

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